Il y a un terme qui m’obsède. Figer. Dans certaines situations, je le déteste. Ou, du moins, je le contourne, l’éloigne quand il s’approche, me camoufle quand il pointe. Je suis photographe et je l’affirme : je n’aime pas les photos figées.
Je prends des risques esthétiques. Varier les points de vue, me coucher par terre s’il le faut, grimper sur une table. Même Mike Horn n’oserait pas ! Je m’adapte à vos gestes en évitant de vous imposer une stature. Mes séances ou reportages photographiques sont des quêtes perpétuelles. À la recherche du bon cliché, sans jamais travestir la réalité. À la poursuite de la perfection absolue, de la belle lumière, des couleurs chaudes. Pour subjuguer cet instant sans le dénaturer. Afin de raconter votre histoire.
Mais si « figer » pose devant mon objectif, je sais le mettre à l’aise, le détendre. On rit ensemble. On partage un moment sympa. Car au-delà d’une ribambelle de jolies photos, je veux que vous gardiez un agréable souvenir de cet épisode.
D’ailleurs, une grande partie de la semaine, je suis soignant. J’aime les gens. Mais du côté de l’hôpital, je les vois malades et parfois tristes. C’est ainsi que j’ai eu le déclic de professionnaliser cet art qui est ma passion depuis longtemps. Pour côtoyer des personnes qui veulent immortaliser des moments joyeux.
Car c’est bien là, que « figer » et moi-même, nous nous réconcilions. Un mariage, une naissance, une journée en famille ou tout autre événement. Un portrait pour vos 30, 46 ou 72 ans, celui de vos enfants, petits-enfants. En studio ou à l’extérieur. La mémoire a cette fâcheuse tendance à flancher. Mes clichés restent. Ils figent les petits instants et les grandes occasions. Pour que la trace soit encore plus étincelante, j’y appose ma patte. Je ne raffole pas des images ternes. Le contraste, la profondeur des textures, l'ambiance "moody", le noir et blanc me différencient et délimitent mon univers photographique. Pour un rendu engagé et pêchu.
« Figer » me bouscule. Me force à innover. Pour ne pas capter des images basiques, reproductibles à chaque séance. Alors, j’observe le monde qui m’entoure. Une balade citadine est source d’inspiration, autant qu’un voyage au bout du monde s’avère un formidable terrain de jeu. Un savoir que je me plais d'ailleurs à transmettre aux débutants curieux.
Alors, on se fige une séance photo ?
Samuel
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